Ouvrez les portes que le soleil brille ou non !

Dans le numéro du printemps 2021 : un de mes articles a retenu l'attention de STRADA

Ouvrez les portes que le soleil brille ou non !

Ouvrez les portes que le soleil brille ou non !

Si nous sortions par temps de pluie, ou après la pluie pour aller dans la gadoue ? Équipé de bottes et d'un imperméable, ou d'une combinaison déperlante à la Danoise, tout est possible !

Mais pourquoi la mode tendrait-elle aujourd'hui à sortir les enfants par tous les temps ?

"Bien à l'abri et au chaud, les enfants sont tout de même mieux que dehors sous la pluie et le froid". Et bien, détrompez-vous ! Cette attitude à garder les enfants dedans viendrait de nos réticences d'adultes et des craintes subjectives et parfois légitimes que nous pouvons avoir : "Ils vont se salir ", "ils vont glisser et se faire mal", "il fait froid, ils vont être malades" etc.

Je me souviens, lorsque j'étais éducatrice de jeunes enfants en crèche, d'un papa à qui je racontais la journée de sa fille de 18 mois, se mettre en colère après avoir entendu que sa fille était allée dehors dans la cour (fermée, à l'abri de tous les vents) alors qu'elle avait le nez qui coulait. Au Danemark, lors de mon voyage d'études en 2019, j'ai pu voir et comprendre que les enfants passent la majeure partie de leur temps dehors, et ce toute l'année. Ils sont 3 fois moins malades que les autres ! Rester enfermé dans une pièce à plusieurs, nous le savons dorénavant avec cet affreux jojo de covid-19, multiplie les chances de contamination. Avant même ce virus, il suffisait de faire un stage dans une crèche pour en ressortir, prématurément, avec une gastroentérite ou une bonne rhino-pharyngite ! Donc plutôt que de faire mijoter les virus et petits microbes malicieux de chacun, sortons les enfants. Sans compter que la lumière naturelle leur offre une dose de vitamine D essentielle !

Lorsque le soleil brille et qu'il fait bon, c'est facile. Mais lorsqu'il pleut et que la gadoue est au rendez-vous, l'engouement n'est plus là pour l'adulte qui en voit tous les inconvénients. Le jeune enfant, lui, ne fait pas cette distinction. Il ira dehors si vous lui offrez la possibilité d'y aller.

Dehors est le terrain d'exploration idéal, à condition que l'herbe ait le droit de pousser, que la terre remplace le sol entièrement capitonné, que les brindilles et bouts de bois existent et que les petites bêtes aient leur place. Grâce à cet environnement naturel que l'enfant va pouvoir, développer ses capacités motrices tout simplement parce que ces explorations motrices sont beaucoup plus variées qu'entre 4 murs. Les enfants ont plus d’espace pour explorer, courir, sauter, grimper, gratter, se cacher. La nature leur offre la liberté de mouvement et d'action. Confrontés à un environnement plein de surprises, ils apprennent à persévérer, à développer leur imagination naturellement pour trouver de solutions. Ainsi, si je glisse dans la boue, je sais qu'il faudra adapter mon pas ou ma trajectoire la prochaine fois.

La prise de risque permet au jeune enfant d’apprendre à mieux gérer les risques, tout en lui permettant de développer de nombreux aspects de sa motricité globale. Le tout-petit apprend ainsi à maîtriser son corps ce qui le rend moins sujet aux accidents et aux chutes. En marchant dans les flaques, ou dans la gadoue, c'est tout un florilège sensoriel qui se met en place. Un réel bénéfice pour le développement cognitif ! Grâce aux stimulis de mère Nature, le tout-petit accède naturellement à l'autonomie tant prônée dans les projets pédagogiques des crèches.

Inutile de se casser la tête avec des activités qui favorisent l'autonomie du jeune enfant. Invitez-les dehors quotidiennement dans un environnement sans artifice sophistiqué, mais plutôt naturel. Il favorisera grandement l’expérience directe par la découverte concrète en toute liberté.

Regardez la pluie d'un autre oeil, elle offre une panoplie d'activités à elle seule.

 

Marina Lemarié pour STRADA numéro 52 : lire la publication dans STRADA