Qui a dit que les enfants faisaient des bêtises ?

Détrompons-nous les enfants ne font pas de bêtises, ils explorent...sérieusement !

Qui a dit que les enfants faisaient des bêtises  ?

Qui a dit que les enfants faisaient des bêtises ?

Savez-vous que ce mot se perd, il n’est plus ″ tendance ″ ! Excellente nouvelle, car quand je vais voir la définition du mot bêtise, elle n’est guère avenante à l’égard de l’enfant. Au secours même ! Alors vive la nouvelle mode qui remplacerait ce mot vide de sens à l’égard de l’enfant par du plus conceptuel : l’expérimentation ! Mais que recherche vraiment l’enfant qui ne fait pas de bêtises ?

″ Arrête de toucher à ça ! Tu ne fais que des bêtises ! ″

La bêtise serait le dérapage de l’action de l’enfant. Une action reconnue comme ″ mauvaise ″ par l’adulte, qui ne témoignerait d’aucune envie de découverte, de maîtrise, d’aucune aventure.

Pour preuve, voici la définition.

Bêtise : Manque d'intelligence ou de jugement ; stupidité, action irréfléchie.

La bêtise est donc considérée comme l’absence de réflexion, comme le déficit de pertinence. Et bien, ça fait peur vis-à-vis du jeune enfant !

Car détrompons-nous :

• les bébés ne cherchent pas systématiquement les bêtises! ils jouent, ils font des expériences,

• ils ne bravent les interdits dès que nous avons le dos tourné, ils explorent,

• non, ils ne pensent pas qu'à manger des saletés ils font des découvertes,

• non, ils ne pensent pas provocation, ils font des recherches…

Si nous nous interrogeons réellement sur l’action de l’enfant, nous voyons qu’il est en quête d’exploration. Prenons si vous le voulez bien, ce petit garçon enchevêtré dans ce tabouret

( cf:photos) .

Quel est l'objectif de ce petit garçon ?

L'aventure, l'expérimentation. Il est en quête d'exploration de son corps, de l'espace, de la construction de ses connaissances.

Quelle aventure recherche-t-il ? Quels besoins ressortent ?

L’exploration, l’évaluation de ses capacités. Il veut faire sa propre expérience. Celle qui correspond à sa motricité et à son envie de découverte, à son besoin d'acquérir confiance en lui. Il veut poursuivre l'effort de parvenir à son action jusqu’au bout. Il apprend alors la persévérance et la ténacité.

Quel sentiment l’enfant déclenche-t-il en étant libre de son action ?

Un sentiment de satisfaction. Sachez que le fait d’agir seul entretient la confiance en soi et nourrit l’estime personnelle par la satisfaction de parvenir à faire les choses soi-même.

Le contrôle que peut avoir un enfant sur son environnement est l’un de ses besoins fondamentaux qui le poussent à l’action.

Quels sont les facteurs qui limiteraient son action d'exploration ?

Le contrôle de l'adulte, les règles imposées.

Quels seraient les effets du contrôle de l’adulte sur l’enfant ? Comment pourrait réagir Noa si son parent lui interdisait une telle action ?

La frustration de ne pas pouvoir faire, d'essayer. Le mécontentement exprimé par les pleurs, la colère... Il pourrait alors être fâché contre l'adulte qui STOP à son action d’exploration.

 

Il est alors plus judicieux d’autoriser l’enfant à agir et même de l’encourager. Les travaux de John Bowlby (psychiatre et psychanalyste anglais) montrent à quel point le fait d’être reconnu, soutenu par notre environnement social et familial est indissociable de notre capacité d’agir : les enfants s’appuient sur le soutien de l’adulte que l’on nomme d’attachement « sécure » pour explorer le monde.

L'enfant est tel un explorateur arrivé sur une nouvelle planète qui cherche à en comprendre son fonctionnement. Il va alors expérimenter l’espace comme le fait tout bon explorateur, et toutes ces expérimentations deviendront concepts et idées. L’exploration est un formidable outil de développement cognitif. Ainsi l’enfant assimile des données et s'accommode aux données nouvelles pour s'y adapter sans cesse.

De la naissance à deux ans environ, l’intelligence dite ″ sensori-motrice ″ par Piaget, est essentiellement pratique. Elle utilise la perception et les mouvements. L'enfant met en relation des objets et des actes et, se rendant compte des résultats obtenus, les reproduit et les enrichit.

Plus tard de 2 à 7 ans, grâce au langage, l'intelligence devient pensée. L’enfant accède alors à l’abstraction en utilisant le jeu symbolique ″ faire comme si ″ qui va développer son imaginaire et structurer sa pensée. Le tabouret qu’explore Noa peut alors devenir une cabane dans laquelle entrer, une voiture, un bateau, une tour, un vaisseau spatial, etc

Les enfants sont bien des explorateurs qui prennent parfois des risques et cela demande quelques égards de notre part, en tant qu’adultes et professionnels, mais tentons de faire confiance en leurs capacités. Ils sont capables de bien plus que l’on ne le suppose !

 

Marina Lemarié

 

Merci Noa pour ton élan t'affordance !